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François de Roubaix

December 13, 2015

Sur la pochette de cette nouvelle compilation, François de Roubaix pose entre une guitare et un sitar. Cette image résume à elle seule la carrière du compositeur, entre son amour pour les instruments traditionnels et sa curiosité qui le poussait vers les musiques folkloriques. Marottes habituelles du musicien auxquelles il convient également d’ajouter un soupçon d’électronique pour celui, qui fût également un des pionniers des synthétiseurs. La carrière de François de Roubaix fût météorique, dix années tout pile, entre 1965 et 1975, durant lesquelles il mit ses talents au services de la télévision (un peu) et du cinéma (beaucoup). Ses réalisateurs fétiches furent Robert Enrico et José Giovanni. Aujourd’hui encore, on reste fasciné par la facilité avec laquelle le compositeur réussit a fixer une émotion, un instant et à le retranscrire en musique. Quelques notes lancinantes lui suffisent pour décrire tout le tragique et l’immense solitude de Jef Costello (brillamment interprété par Alain Delon), le tueur froid du Samouraï de Jean-Pierre Melville (1967). Un chef d’œuvre, classique du polar français et, probablement, le meilleur titre de la filmographie du musicien. Pour la bande originale du Vieux Fusil (Robert Enrico, 1975) de Roubaix fait dialoguer deux pianos, qui se répondent, à l’instar des personnages joués par Romy Schneider et Philippe Noiret. La encore, la partition fait mouche et les émotions affluent à l’écoute. La maîtrise rythmique de François de Roubaix est également impressionnante comme sur la bande son funky de Dernier domicile connu (José Giovanni, 1969). Excité par les différentes possibilités offertes par le synthétiseur, la musique de de Roubaix change à partir des années 1970. Les partitions de Chapi-Chapo (1974) et Commissaire Moulin (1975), madeleines télévisuelles de notre prime enfance, sont en outre de remarquables pièces d’électronique avant-gardiste. Grand amoureux de la mer, de Roubaix, disparaît en novembre 1975 à l’occasion d’une plongée sous-marine au large des Canaries dont il ne remontera jamais. En 1976, il est le récipiendaire à titre posthume du premier César de la musique de film. Aujourd’hui, alors que l’on fête les quarante ans de sa disparition, François de Roubaix reste une référence citée aussi bien par de jeunes groupes de rock psychédélique que par la scène électro. Il est grand temps qu’un coffret anthologique lui soit enfin consacré.

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