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Allen Toussaint : « Life, Love and Faith » (1972)

December 6, 2015

La nouvelle est un petit peu passée inaperçue dans le marasme actuel. Le 10 novembre dernier, alors qu’il était en pleine tournée européenne, Allen Toussaint s’en est allé dans une anonyme chambre d’hôtel de Madrid. Personnage placide, Allen Toussaint dégageait beaucoup d’élégance et pas uniquement grâce à sa garde robe. Toujours tiré à quatre épingles, costume et cravate, Allen Toussaint respirait l’érudition musicale. Un personnage clé de l’histoire musicale néo-orléanaise, Allen Toussaint n’était pas forcément très connu pour sa discographie, somme toute assez maigre au regard de ses années d’activité, mais pour ses talents multiples : arrangeur, producteur, il est l’homme providentiel derrière les chefs-d’œuvre signés Dr John ou The Meters. Pianiste et songwriter talentueux, il était l’auteur du fameux Yes we can, can popularisé par Barack Obama lors de la campagne présidentielle étasunienne de 2008. C’est en cette même année 2008 (le 27 octobre) que je l’ai vu pour la première fois en concert. Mon unique concert d’Allen Toussaint a été le dernier à l’Elysée-Montmartre qui a été ravagé dans un incendie peu après.

Au début des années 1970, après une pause de douze années (son premier effort date de 1958), consacrée au travail auprès d’autres artistes, Allen Toussaint décide de relancer sa propre carrière. Le présent album, « Life, Love and Faith », est son quatrième et sort en 1972. Interprète un peu gauche, le chant n’est pas vraiment son fort, Toussaint mise tout sur la qualité musicale de la chose. Pourtant l’album n’est pas tout à fait représentatif du son de la Nouvelle-Orléans, beaucoup moins « gritty » et plus aseptisé. Ce qui signifie en rien une baisse de la qualité musicale, plutôt une adaptation aux modes ambiantes « Out of the city », « Electrify » pour la note pop psychédélique, « Soul Sister » et « Fingers and Toes » pour rafraîchir le rhythm and blues. Quant à la dramatique ballade « On your way down » il s’agit peut-être bien d’une de ses meilleures compositions. Tout au long du disque Toussaint fait montre d’impressionnantes qualités pianistiques (« I’ve got to convince myself », « On your way down »). Dans un style unique, Toussaint balance ses notes, savamment saccadées, avec savoir-faire. Maintes fois imité, jamais égalé. Le groove était bel et bien au cœur de ses préoccupation, dans la plus pure tradition de la Nouvelle-Orléans.

La perte est immense et ne peut qu’affecter n’importe quel fan de soul music qui se respecte. RIP Maestro.

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