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Boulevard du Stream de Sophian Fanen

April 22, 2018

La chronique d’un tel livre ici peut surprendre attendu la ligne éditoriale de ce blog, orientée vers le 20ème siècle. Et pourtant, cette page ayant également pour objectif de s’interroger sur l’histoire de la musique et son évolution, il nous paraissait intéressant d’évoquer cet ouvrage, ultra documenté, évoquant la dématérialisation de la musique, tant celle-ci a modifié en profondeur les habitudes d’écoute du public. D’autant que le mp3 est une invention relativement ancienne (1995) comme on l’apprend à la lecture du livre. Qui sème le vent récolte la tempête dit le dicton, antienne qui s’applique parfaitement à la dématérialisation de la musique tant le digital semble être la réponse de quelques geeks à des années d’abus en tout genre de la part des majors (l’auteur de ces lignes reste traumatisé par les premiers cds des Stray Cats au son absolument déplorable). Mais c’était une autre époque, les cds s’écoulaient par pelletées, l’argent coulait à flot au point de faire perdre la raison aux cadres de l’industrie du disque. Ainsi l’ouvrage, au titre inspiré du film « Boulevard du Crime » (1955), décrit une réalité peu reluisante quant à l’industrie, les consommateurs considérés comme des vaches à lait, les coups bas, magouilles et autres bassesses. Tout cela suit bien évidemment le point de vue de l’auteur, subjectif mais passionné par son sujet. Le tout écrit par une plume agile, expliquant clairement les points techniques, nombreux et rébarbatifs, pilule que l’on avale allègrement ici.

Alors le digital finalement ? Disons que pour notre part, on en est un peu revenu. L’auteur de ces lignes garde un souvenir énamouré des premières années, des Napsters, Kazaa et autres Emule quand des centaines d’albums, introuvables, épuisés où les quelques rares exemplaires étaient disponibles à des prix exorbitants, se retrouvaient, quasiment du jour au lendemain, disponibles, à portée de clic. C’était des années de gavage intensif certains fichiers téléchargés n’ayant finalement jamais était écoutés. Mais finalement, pour le véritable passionné, le digital se révèle plus frustrant qu’autre chose. On pourra dire ce que l’on voudra, le diamant délicatement posé sur le sillon reste infiniment plus sexy qu’un clic droit de la souris. Outre la qualité sonore aléatoire, le gros défaut du digital reste la focalisation portée sur le son, certes vital quand il est question de musique, mais porteur d’une vision terriblement réductrice. Un album ce n’est pas juste du son. C’est une œuvre complète, une pochette, des photos, un livret et une atmosphère, une âme, une ambiance qui se dégage au fil des chansons. Réduire cela à quelques fichiers informatiques, sans âme ni poésie, tient du sacrilège. D’autant qu’aucune solution digitale n’a jamais trouvé une alternative viable au livret, une véritable mine d’informations pour le passionné. Le streaming reste cependant une alternative pour découvrir (avant d’acheter ou non), pour les personnes peu argentées (la musique reste un plaisir assez cher) ou pour ceux n’ayant pas de médiathèque ou de disquaire a proximité (certains lecteurs de cette page sont peut-être dans cette situation).

Boulevard du Stream, de Sophian Fanen

Editions Castor Music, 284 pages, 20 euros.

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