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John Densmore : « The Doors, les portes claquent »

November 26, 2014

Tout commence en 1965, dans un garage de Venice Beach, un quartier bohème de Los Angeles. Quatre musiciens, appelés à devenir des supers stars du rock, débutent leur parcours musical. Le chanteur, poète visionnaire, Jim Morrisson, décrète que son groupe fonctionnera en démocratie, que chacun à un droit de véto si il s’estime en désaccord avec une quelconque décision… Quelques années plus tard, en 1968, nos quatre garçons sont effectivement devenus des stars mondialement connues à tel point qu’une célèbre marque automobile souhaite utiliser le tube « Light my fire » pour une campagne vantant son nouveau véhicule. Dans un moment de faiblesse cupide, trois des quatre membres, John Densmore, Ray Manzarek et Robbie Krieger donnent leur accord, faisant fi de la promesse initiale. La réponse de Morrisson sera sans appel : « Allez vous faire foutre ! ». Mais la boîte de Pandore est ouverte, et l’incident marquera durablement John Densmore, batteur plongé depuis dans un abîme de culpabilité…

Nous sommes maintenant dans les années 2000, Jim Morrissson n’est hélas plus là depuis longtemps et The Doors est devenu un groupe culte, dont les albums, réédités à n’en plus finir, se sont écoulés par pelletées. Les tubes font le bonheur des stations de radio nostalgiques. The Doors sont cités en référence par un groupe de rock sur deux et même Hollywood s’intéresse à l’histoire (cf. le film réalisé par Oliver Stone en 1991, le documentaire « When you’re strange » de Tom Dicillo en 2009).

C’est alors que le duo Robbie Krieger (guitare) et Ray Manzarek (claviers) décide de relancer l’aventure. Est-ce par cupidité, nostalgie, ou tout simplement retrouver l’ivresse de leur jeunesse et la ferveur des grands soirs ? Allez savoir… Mais lorsque le duo réutilise le logo du groupe de l’époque et assure la promo des concerts avec des photos de Jim Morrisson, « à croire que Jim revenait d’entre les morts », c’est en trop pour Densmore qui décide d’attaquer en justice ses ex-partenaires.

Densmore s’affiche ici en véritable garant de l’esprit de Jim Morrisson, fidèle aux idéaux hippies de sa jeunesse (une partie des bénéfices du livre est reversé au mouvement « occupy »). Parce qu’il estime qu’ils s’en sont bien sortis dans la vie, mieux que l’immense majorité de la population, Densmore s’oppose, ne veut pas de dollars supplémentaires, fussent-ils versés par millions. D’ailleurs, lui-même reverse une partie de ses royalties à des organisations caritatives et écologiques. Par ce que, selon lui, la musique des Doors vaut beaucoup plus, il refuse de la voir dévoyée par les publicitaires. Et parce qu’il préfère aller de l’avant et se consacrer à son groupe de jazz, Tibaljazz, John refuse d’être associé à cette tournée mascarade. L’ouvrage nous plonge dans l’âme tourmentée du batteur, conscient de s’aliéner deux des personnes ayant le plus compté dans son existence. Et incrédule devant le fait qu’une si belle histoire se termine ainsi, devant les tribunaux ; l’éprouvante bataille juridique qui durera de longues années (elle lui coûtera un mariage) ponctuée par les bassesses des avocats de la partie adverse. Tout ceci pour en arriver à cette conclusion terrible : « J’ai tendance à croire que tout ceux qui ont grandi dans les années soixante ont un côté altruiste ; en vérité, ce genre de mentalité n’a été de mise que pendant quelques années, de 1965 à 1967 ». Hélas le livre n’évoque pas la longue maladie de Ray Manzarek (décédé en 2013) ; ses frais médicaux, que l’on imagine lourds, ont probablement pesés sur son comportement…

Passionnant et plutôt bien écrit, l’ouvrage laisse pourtant une impression de malaise au lecteur. L’histoire est tout simplement moche. Ames sensibles s’abstenir…

« The Doors les portes claquent, l’héritage tumultueux de Jim Morrisson ».

De John Densmore

Editions le mot et le reste

375 pages, 26 euros.

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