musique bibliothèque

John Hiatt : « Bring the family » (1987)

August 12, 2018

Et dire que tout cela avait commencé comme une boutade. Dis, John ça serait quoi le groupe de tes rêves ? La question lui est posée par un directeur artistique, employé par son label. Après un moment de réflexion, le chanteur égrène les noms : Ry Cooder à la guitare, Jim Keltner (batterie) et Nick Lowe (basse) pour la section rythmique. Que du beau monde. C’était une autre époque, l’argent coulait à flot, les disques se vendaient à la pelle, la garantie pour les musiciens d’une certaine liberté artistique… Faîtes entrer la famille, il ne faudra que quatre jours (du 17 au 20 février 1987) à Hiatt et sa bande pour enregistrer un album entier. Et quel album ! Au mitan des très synthétiques années 1980, le disque s’apparente à une tentative de faire revivre un certain idéal du rock et de la pop californienne des années 1960 (« Thing called love ») et 1970 (« Lipstick Sunset »). La présence de Ry Cooder à la guitare apporte un certain charme entre country (« Memphis in the meantime », “Learning how to love you”) et folk (« Stood Up »). Le guitariste est aussi très à l’aise en électrique, au bottelneck et même au sitar (« Your dad did ») soit autant de touches lorgnant vers le blues ou la pop psychédélique. Et quel batteur, ce Jim Keltner ! Associé à la crème du rock anglais, il a été l’homme derrière le kit pour John Lennon (l’album « Imagine ») ou Derek and The Dominos (Eric Clapton), communément, on appelle ça un requin de studio. Un type d’une précision métronomique et un sens de l’épure tout au service de la chanson, ni trop, ni trop peu, chaque coup de baguette est mûrement réfléchi, la coolitude incarnée. En bon chef de bande, Hiatt a élevé son standard d’écriture pour l’occasion accouchant de petites perles émouvantes (« Have a little faith in me », « Tip of my tongue ») ou, à l’opposé, de titres accrocheurs entre rock (« Thank you girl », « Your dad did ») et pop rétro (« Thing called love »). Pour le chanteur, c’est l’heure de la revanche après des années de disette, sans label, dans la deuxième moitié des années 1970 (entre 1975 et 1979). C’est aussi l’apogée de sa carrière, trente ans après les faits, cet album est toujours considéré comme son meilleur. Une rareté, une curiosité pour un chanteur de sa génération, dans les froides années 1980 (on peut également citer l’excellent « Slow Turning » sorti un an plus tard). Devenue un groupe à part entière, la troupe remettra le couvert sous le patronyme de Little Village en 1992, pour un album d’excellent facture auquel il manquera toutefois, la touche magique, la grâce qui a subitement touché les musiciens dans un studio de Los Angeles au cœur de l’hiver 1987…

Share

You Might Also Like

No Comments

Leave a Reply

*