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Kraftwerk : « The Man Machine » (1978)

August 3, 2012

En ces temps reculés (1978) la musique électronique n’était une affaire ni de logiciels, ni d’ingénieurs du son, ni de samples mais tout simplement de musiciens. Et musiciens les quatre membres de Kraftwerk, Ralf Hutter, Florian Schneider, Karl Bartos et Wolfgang Flur l’étaient. Pianistes, formés de manière classique avec les références des jeunes de leur époque ayant grandi dans les années 50 et 60 au son de la pop et du rock de l’époque. Kraftwerk aurait tout aussi bien pu être un groupe progressif de plus si ses quatre membres n’avaient vu dans les balbutiements électroniques de l’époque l’opportunité de réellement marquer l’histoire et de laisser une empreinte plus que durable. Parti pris tout synthétique (synthés + percussions électroniques) mis à part, « The Man Machine », l’album qui nous occupe aujourd’hui, rappelle par son ampleur (à l’exception de « The Model » aucun titre dure moins de cinq minutes), ses constructions mélodiques, ses développements et ses structures rythmiques le rock progressif. Des claviers à la place des guitares. On est ici en plein krautrock, ainsi que le précise la pochette dans un rappel de la guerre froide pré chute du mur : « Produced in W.Germany ». Il y a bien une chose que cet album essentiel rappelle à tout point de vue : c’est la qualité de la composition qui fait tout. Une bonne chanson restera une bonne chanson aussi bien en version dépouillée que bardée d’arrangements baroques. Est-ce pour cela que « The Man Machine » tienne aussi bien la route 34 ans après sa sortie ? A aucun moment ce disque ne donne l’impression d’être kitsch, daté (ou alors dans le bon sens du terme) voire tout simplement dépassé. Existe-t-il un groupe capable d’utiliser le vocoder (comme sur « The Robot ») avec autant de grâce, sans tomber dans des effets faciles de vulgarité ? Existe-t-il un autre groupe pouvant pondre un classique intemporel en utilisant des synthés préhistoriques ? C’est en plaçant la chanson au centre de ses préoccupations et non les sonorités (soit l’exact opposé qui a ruiné la synth pop des années 80) que Kraftwerk a réussi cette gageure. Composer d’abord, expérimenter ensuite.

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