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Little Bob Story (1977)

July 3, 2018

Little Bob est une institution du rock en France, pour ceux qui savent. Il faut dire que le petit Bob (eu égard à sa taille sous la toise qui lui donnera son nom de guerre) fait figure de candidat idéal. Né Italien, Roberto Piazza, immigré et ouvrier au Havre, sa ville d’adoption, s’est littéralement sorti de l’usine grâce au rock. Une expérience prolétaire du rock n’roll, une voie artistique pour rêver d’une vie meilleure et moins monotone, la démarche reste absolument fascinante quarante ans après les faits. Et c’est ce que nous raconte ce court (8 titres) disque inaugural. Situé à équidistance du pub rock (« I don’t know » et son piano boogie woogie) et du punk de l’époque (cf. les Rolling Stones cités sur un mode punk déglingué dans le « Like rock n’roll » d’ouverture). La voix de Bob déborde d’énergie, un feeling brut qui trouve sans problème sa place dans ce déluge de décibels, car, n’ayons aucun doute, ces types jouent leur vie ! Et avec classe et feeling avec ça ! On l’entend sur tous les titres ! Evidemment, vu son parcours et son environnement immédiat, Bob ne pouvait qu’être sensible au blues. Idiome auquel il rend hommage sur « Come on home » avec la rage et le feu qui habite le groupe. Mais le blues s’entend en filigrane sur tout le disque (« Let me in », « Tobacco Road » dans une version speedée), comme un animal sournois se faufilant entre les coups de butoir du groupe, apportant la touche finale qui emporte nos suffrages. De quoi faire de Bob un chanteur adoubé outre-Manche, fait rarissime pour un français (Henry Padovani, premier guitariste, corse, de Police sera l’autre exception culturelle). Quatre décennies plus tard, le feu brûle encore, Little Bob et sa nouvelle incarnation (un groupe appelé les Blues Bastards) continuent, telle une traînée de poudre, de brûler les planches au quatre coins de l’Hexagone et de graver son feu intérieure dans la cire. Un personnage cardinal, on ne le dira jamais assez…

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