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Neil Young : « On the beach » (1974)

February 6, 2013

Après des années de formation, lors de la décennie précédente au sein de Buffalo Springfield ou (par intermittance) de Crosby Stills Nash and Young, Neil Young marche sur l’eau en ce début des années 1970 alignant comme des perles les albums devenus classiques indémodables comme « Harvest » ou « After the gold rush ». Neil Young a connu en quelque sorte une carrière sur deux modes, très électrique lorsqu’il est accompagné de son groupe Crazy Horse, beaucoup plus acoustique, inspiré par le folk ou le country lorsqu’il est en solo. Dualité qui se retrouve sur ce « On the beach », l’album qui nous occupe aujourd’hui. Dans la carrière du Loner, « On the beach » occupe une place bien particulière : c’est un album culte, dans la mesure ou il n’a été réédité pour la première fois en cd qu’au début des années 2000 soit quelque trente ans après sa publication originale. Dans l’intervalle, le disque était devenu introuvable, un objet de collection, une inestimable source de fantasmes pour les collectionneurs (l’auteur de ces lignes se rappelle encore avoir déboursé un somme totalement déraisonnable pour une copie vinyle hors d’usage et à peine écoutable…). Et l’album se trouve être à la hauteur de sa réputation. Neil Young n’a jamais été aussi déchirant que sur ce disque délivrant avec « See the sky about to rain », « Motion Pictures » ou le titre éponyme et pièce maîtresse « On the beach » de grands moments de rock sombre et habité. « For the turnstiles » assure le quota country avec brio grâce à un fabuleux mélange de banjo et de dobro ; « Walk on » escalade la face rock (certes on a connu Neil beaucoup plus incisif) grâce à une puissante rythmique de guitare électrique. Mais « On the beach » s’aborde comme une œuvre globale, cohérente dans son ensemble et d’une remarquable unité de ton (à titre d’exemple, les tempi sont assez lents). En résumé ce disque à une âme, un feeling. C’est un album solitaire, un disque fait pour être écouté seul, tard dans la nuit, au milieu de la pénombre. L’album a beau s’appeler « on the beach » on est à mille lieues de la pop californienne, primesautière et ensoleillé. L’ambiance est maussade et si plage il y a, c’est une plage d’hiver ou d’automne, un espace vide déserté des touristes et du soleil. A quoi peut bien penser cette silhouette fantomatique présente sur la pochette, tournant le dos à l’objectif de l’appareil photo, et posant sur l’océan un regard que l’on imagine pensif ? Que le rêve est passé ? La gueule de bois post-hippie.

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