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Prince : « Black Album » (1987)

May 21, 2016

 

1987. Prince est alors au fait de sa gloire, le succès considérable rencontré par « Purple Rain » lui a permis cette chose rare : le crossover, soit le succès auprès du grand public résultant d’une mixité impressionnante d’influences. Plus qu’un musicien, le regretté Prince avait imposé une vision, un univers digne d’un véritable artiste. Mais revenons en 1987. C’est peu dire que ce disque, conçu en référence « negative split » au fameux « double blanc » des Beatles (soit un album simple, à la pochette toute noire sans aucun crédit) a connu un destin contrarié. Quelques mois avant la sortie du disque, prévue pour Novembre 1987, Prince, pris de tourments comme seuls les artistes en connaissent, décide de tout annuler à la dernière minute. En ces temps pré-internet, les rumeurs les plus folles ont pris naissance. Aucun CD n’aurait été pressé, tous les exemplaires du vinyle auraient été détruits. Quand aux raisons intrinsèques de son acte, le musicien reste là encore assez mystérieux. Le label aurait été effrayé par les paroles, l’artiste jugerait le résultat trop faible. Il n’en fallait guère plus pour lancer un culte autour de cet album, dont les copies bootleg se sont arrachées comme des petits pains. Lorsque l’album est finalement sorti dans le commerce, à l’automne 1994, le soufflé était largement retombé. Cherchant à se rapprocher de ses racines, la great black american music, Prince tend l’oreille vers les nouvelles sonorités issues du rap (« Dead on it ») pour un résultat assez mitigé. Ailleurs, Prince s’impose comme le fils spirituel de Sly & The Family Stone, imposant un funk foutraque et lubrique (« Le Grind », « Cindy C. », « Superfunkycalifragisexy ») également inspiré par James Brown (« 2 nigs united 4 West Comton », là encore le rap n’est pas très loin). « Bob George » et « Rockhard in a funky place » illustrent à elles seules le paradoxe de Prince, guitariste virtuose (vous vous souvenez « The Cross » et « Sign o’the times » sur l’album du même titre ?) mais dont la musique ne mettait pas spécialement la six cordes en valeur. Un album décent, mais certainement pas le meilleur de son auteur, qui va beaucoup nous manquer…

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