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Rodriguez : « Cold Fact » (1970)

March 8, 2013

Avant de faire l’objet d’une spectaculaire, et amplement méritée, renaissance artistique, depuis la sortie du documentaire « Searching for the sugar man », Jesus Sixto Rodriguez a longtemps été considéré comme un chef d’œuvre en péril de l’histoire du rock. Un loser, un « underachiever » qui n’a pas accompli la moitié de ce que son talent lui aurait permis de réaliser. Pour nous autres fans de rock, c’était un secret que l’on gardait jalousement, on se passait les rares disques en secret, quand on avait la chance de les trouver au prix de recherches poussées dans les bacs les plus improbables. Parmi ces disques se trouvait « Cold Fact » premier album de Sixto Rodriguez sorti en 1970 et qui, d’après la légende, ne s’est vendu qu’à six exemplaires sur le territoire américain à l’époque. Et autant le dire, on tombe des nues à l’écoute dudit album. Comment un tel chef d’œuvre a pu passer à côté de son public et dans de telles proportions ? Peut-être est-ce dû à l’époque, la fin des années 1960, début 70, particulièrement riche en pièces maîtresses, ce qui explique que certaines pépites soient passées entre les mailles du filet ? Peut-être est-ce la personnalité même de Sixto, intrinsèquement artiste, un besogneux de l’ombre, absolument pas star pour deux sous ?

On peut se perdre en conjectures diverses, 43 ans après les faits, un seul constat s’impose, « Cold Fact » est un grand album. A la base de l’art de Sixto Rodriguez il y a le folk, la guitare acoustique. Et cette force de composition, cette faculté à trouver la suite d’accords, mélodique qui coule de source. Sans efforts apparents. Et puis il y a ensuite la rencontre avec les producteurs Mike Theodore et Dennis Coffey (membre des Funk Brothers, groupe maison de la Motown, lui-même guitariste) qui ont su emmener Sixto vers d’autres directions, psychédéliques, voire même électro d’avant-garde, avec toujours cette préoccupation du groove héritée du rhythm n’blues. Car n’oublions pas, Rodriguez est originaire de Detroit, le berceau de la Motown, dont il reste toujours un petit quelque chose d’indéfinissable dans sa musique. Cold fact : l’écouter c’est l’adopter.

 

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