L’unique album de la formation germanique s’avance masqué, tel un ennemi invisible, masquant son jeu, pour mieux le dévoiler au fil des plages. Et c’est un bien curieux mélange des genres que voici. Alors que la batterie mitraille et que la guitare, en fusion, les aiguilles dans le rouge, fait plier les enceintes sous ces coups de butoir, l’auditeur, tourneboulé, vacille. Mais que suis-je en train d’écouter ? Ce qui s’annonçait comme un album classique de rock progressif voit sa trajectoire dévier sous l’impulsion du guitariste (français) Philipe Caillat. Plutôt orienté jazz, ce dernier sort de sa zone de confort, poussant le volume et la saturation aux confins du hard-rock. La confrontation avec les inspirations premières, jazz et kraut progressif, du groupe prend alors des allures de combat. Comme si les musiciens, confinés en studio, se défiait à qui pousserait le bouchon le plus loin. Le résultat est à la fois planant et violent et n’occulte pas un soupçon de swing, hérité de la matrice jazz du quatuor, pour l’indispensable note de bon goût. Les tempi sont poussés au-delà du raisonnable (mais qui a dit que le rock se devait d’être raisonnable?) alors guitare et claviers sont à l’avenant d’une trance devenue folle. Un ovni bruitiste pour amateurs n’ayant pas froid aux oreilles…
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