Etonnant parcours discographique (elle a chanté pendant 20 ans avant d’enregistrer pour la première fois) que celui de « The Mother of the Blues » à la fois météorique, à peine six ans de carrière entre 1923 et 1928, et pourtant pléthorique avec une centaine de titres enregistrés pendant cette période. Une carrière également marqué par des rencontres avec certains grands noms, Louis Armstrong (dont « Jelly Bean Blues » que l’on retrouve ici) et les bluesmen Tampa Red (« Daddy Goodbye Blues ») et Blind Blake, et qui fut également « frappée du sceau de l’infamie », cf. son arrestation en 1925 pour avoir participé à une partie fine en compagnie d’autres femmes. Un épisode douloureux sur lequel elle revient dans sa chanson « Prove it on me », en référence à sa bisexualité, et qui élève l’artiste au rang d’icône de la lutte pour l’émancipation, contre la ségrégation. Le destin de Ma Rainey a trouvé une résonance particulière chez Angela Davis qui a longuement étudié le parcours de la chanteuse dans son ouvrage « Blues et féminisme noir ». Sortie chez Night Records et dotée d’une sublime pochette signée Jean-Luc Navette, la présente compilation permet d’apprécier l’éclectisme de la chanteuse qui aura toujours cherché à faire cohabiter le blues et la country, le jazz et les chansons ménestrel (la pop de l’époque). Ma Rainey a succombé à une crise cardiaque en 1939.
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