Natif de la Nouvelle-Orléans, ayant comme tant d’autres tenté de venir chercher la bonne fortune dans la vieille Europe, où il a fini ses jours, le saxophoniste Noah Howard n’est pas le plus connu des musiciens de la foisonnante scène de la cité du croissant. Aussi regrettable que cela puisse être, cet état de fait sera peut-être différent après cette réédition, tombant à point nommé, dix ans après la disparition du musicien. Contrairement à ses congénères de The Big Easy, tous inscrits dans un groove spécifique, Howard a choisi une voie différente sur les sentiers, ô combien tortueux, du free-jazz. Une forme souvent incomprise dont la méconnaissance se résume trop rapidement, et souvent à tort, en bouillie sonore inécoutable pour initiés. Rien de tel ici. Car plutôt de s’inscrire dans le continuum d’une route tracée à l’avance, Noah Howard préfère chercher, tâtonner, et assume totalement la prise de risque. Grand bien lui fasse car on ne décèle ici aucune fausse note ou faute de goût. Les expérimentations sont totalement maîtrisées, évitant ainsi les embardées sauvages et autres sorties de route et, a contrario, donnent une vigueur nouvelle à l’idiome. Blues (« New Arrival »), rappels New Orleans (« Creole Girl »), échos gospel lointains (« Lift every voice and sing ») ou réminiscence be-bop constituent ainsi le cœur de cette proposition musicale aventureuse, libre, de laquelle exhale une forte sensation de chaleur même au plus fort des secousses telluriques agitant les douze minutes de « Olé ».
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