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Tears For Fears : « The Seeds of Love » (1989)

November 14, 2020

Le troisième album du duo Roland Orzabal / Curt Smith a connu une gestation compliquée, quatre années et quatre producteurs différents et un budget affolant, plus d’un million de livres sterling, pour finalement en voir le bout. Le fruit d’une époque, totalement inimaginable de nos jours. La pression est forte sur le duo qui a aligné les hits pendant les années 1980 (« Shout », « Everybody wants to rule the world ») au point de devenir un groupe emblématique de la décennie. Ce nouvel album se veut différent, derrière sa pochette colorée et psychédélique (un autre changement majeur pour un groupe habitué au noir et blanc), Tears For Fears entame sa révolution copernicienne, prenant ses distances avec les sonorités synthétiques des débuts (« Pale Shelter »), au glaçage typique des années 1980. Plus organique, plus ambitieux, l’album flirte avec la grande musique, la pop expérimentale (« Standing on the corner of the third world »), le jazz (l’excellente « Badman’s song ») et aligne un casting cinq étoiles, Phil Collins et Manu Katché à la batterie, Pino Palladino, bassiste virtuose et la merveilleuse chanteuse afro-américaine d’obédience jazz Oleta Adams, inconnue à l’époque, mais qui se révèle être l’atout majeur et de charme, en un mot la muse de l’album. Sa voix grave et puissante est prépondérante et enlumine les deux premiers titres (« Woman in chains », « Badman’s song »). Et sans oublier le tube beatlesque « Sowing the seeds of love » qui donne son titre à l’album, assez largement inspiré du « I am the Walrus » des Beatles. Grande œuvre du groupe, « The Seeds of Love » aurait dû les installer définitivement et les éloigner du statut de sensation new-wave adolescente du moment. Hélas, le duo n’y résistera pas, un peu mis à l’écart le bassiste Curt Smith (qui officiellement ne cosigne qu’un seul titre) claquera la porte et les années 1990 seront terribles pour un groupe réduit au seul Roland Orzabal, totalement dépassé et hors du coup. Et ce n’est pas le come-back surprise, au mitan des années 2000 qui changera quelque chose. Et attendant redécouvrons l’album dans cette belle édition deluxe au deuxième cd rempli de faces B, de versions instrumentales et d’inédits.

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