musique bibliothèque

Jackson Browne (1972)

December 25, 2018

Lorsque sort ce premier album, éponyme (le surnom du disque Saturate Before Using ne s’imposera comme titre que bien après), Jackson Browne, 23 ans à l’époque des faits, a déjà une longue expérience derrière lui, comme auteur/compositeur, comme musicien d’accompagnement (avec Nico entre autres) ou comme membre du Nitty Gritty Dirt Band. Aussi ce premier effort est particulièrement mature et abouti. Un premier album en solo d’un artiste déjà établi. Au fil des écoutes, une dichotomie se fait jour. Le premier niveau de lecture est aussi limpide qu’un couché de soleil californien. Un disque apaisé et calme, majoritairement folk, le disque que l’on attendait du co-auteur du « Take it easy » des Eagles la même année. La bande son d’une ballade à vélo sur Venice Beach le long des plages interminables et de ses innombrables palmiers, servie, qui plus est par des musiciens de premier ordre (Jesse Ed Davis qui enlumine à lui seul « Doctor my eyes », le batteur Russell Kunkel, le bassiste Leland Sklar, David Crosby) où les guitares acoustiques fusionnent harmonieusement avec le piano, l’harmonica, les percussions et l’orgue (« Under the falling sky »). Mais derrière le vernis californien, se cache une face sombre, un abîme de noirceur prenant forme dans la mélancolie rampante véhiculée par le timbre lent du chanteur. L’incarnation du gueule de bois post hippie alors que le rêve est passé, définitivement enterré, et que ne reste plus que l’enfer de l’addiction et la violence qu’elle engendre (le suicide et la dépression). Comme un poison langoureux, loin d’être aussi inoffensif qu’il en a l’air de prime abord, l’album brise le cœur de l’auditeur à chaque écoute. Mais que c’est bon !

Share

You Might Also Like

No Comments

Leave a Reply

*