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Joe Cocker : « With a little help from my friends » (1969)

May 27, 2015

Voici venue l’occasion de rendre hommage à Joe Cocker, disparu, hélas, en fin d’année dernière. Extraordinaire vocaliste, au chant vibrant de feeling, Joe Cocker aura probablement souffert d’un manque de direction (et surtout de suivi) artistique qui explique son glissement progressif vers la variété au mitan des années 1980. Un problème récurrent chez les artistes de cette génération des années 1960 qui a bien du mal à survivre au « terrible eighties » d’autant plus que Joe, interprète avant tout, n’aura finalement que très peu écrit au cours de sa carrière.

Et pourtant cette dernière aura débutée sur les chapeaux de roues avec ce disque inaugural, particulièrement consistant, et qui a plutôt bien vieilli. L’affaire débute de manière exceptionnelle avec un « Feeling alright » bien inspiré. Ligne de piano (Artie Butler) à se damner, des percussions chaudes comme la braise, le groove est terrible ! A-t-on déjà entendu pareille entame (d’album mais aussi de carrière puisqu’il s’agît de la première chanson de son premier album) ? La voix profonde et éraillée de Joe brille de mille feux dans pareil contexte. Quoi qu’il en soit le titre est bien trouvé et c’est vrai qu’on se sent bien à son écoute et on en redemande !

Pris dans sa globalité, l’album laisse transparaître en filigrane un amour immodéré de la grande musique Noire Américaine. « Bye Bye Blackbird » dégage une ferveur digne d’un gospel, tout comme sa relecture, complètement réappropriée de « Just like a woman » (Bob Dylan). « Do I still figure in your life ?» évoquerait plutôt la soul music et « Don’t let me be misunderstood » le jazz grâce à souffle chaud et délicat de l’orgue le temps d’un magnifique solo. Autre grand moment du disque « Marjorine » avec rien de moins que Jimmy Page ET Albert Lee aux guitares pour un rendu blues. Autant de genres musicaux que les cordes vocales de Joe s’approprient avec aisance. Impossible d’écrire cette chronique sans évoquer le tube caché du disque « Sandpaper Cadillac » (toujours Jimmy Page à la six cordes), titre peu connu et sa ligne de piano à tomber par terre (encore une!) mériterait d’être redécouvert. Connu pour son art de la reprise, Joe Cocker se fend ici d’un imparable « With a little help from my friends » beaucoup plus connu que l’original, plutôt obscur, des Beatles. L’impressionnant casting de musiciens réunis (Albert Lee, Jimmy Page, Tony Visconti aux guitares, Stevie Winwood aux claviers) a réussi à mettre en valeur le chant de Cocker, le résultat est un classique qui résiste aux temps.

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