Premier et à ce jour unique album du pianiste sous son nom propre, « Profile », est un diamand obscur jazz/funk peu à peu tombé dans l’oubli et jamais réédité. Du moins jusqu’à aujourd’hui ! Comment on est-on arrivé là ? Comment a-t-on pu vivre jusqu’ici une vie de mélomane sans se délecter du swing ravageur du musicien sur les 88 touches d’ivoire ? Eternel questionnement sans réponse, alors autant se délecter de la virtuosité du trio ! Regardez-le nous narguer de son petit air malin sur la pochette. D’une dextérité sans pareil, le pianiste fonce sur l’autoroute du swing et fait des merveilles sur les 6 minutes de la plage titulaire. Roué de notes l’auditeur succombe, comme un boxeur tombe sur le ring, mis KO pour le compte par le groove véloce du bulldozer installé derrière la batterie ! Car cet album est un véritable effort de groupe. Difficile de dire qui tient la barre tant les musiciens se répondent et les instruments rebondissent les uns sur les autres. On n’obtient pas un résultat pareil sans cohésion. Et c’est peut-être là que réside le secret du groove, dans cet spirale infernale, cette transe hypnotique que le trio réussit à mettre en place, quand la machine s’emballe pour de bon et que l’auditeur perd pied, et « Stand by me » qu’ils nous disent ! Pour autant aussi diabolique soit-elle la formule trouve un superbe contrepoint dans l’approche minimaliste, mélancolique, et presque blues (« Nothing new », « Robyn’s Lullaby »). De l’art de souffler le chaud et le froid, et c’est ainsi qu’est né un grand disque il y a 47 ans de cela !
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