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Mickey Baker : « Alone »

September 30, 2023

L’amour est étrange, chantait-il, pour paraphraser son célèbre tube. Mais à la lecture de son autobiographie, c’est la vie qui semble étrange se plaît-on à penser… Gamin borgne et métisse, quasiment illettré et pourtant auteur d’une méthode de guitare à succès, Mickey Baker a longtemps été confronté à une vie misérable de pauvreté dans son Kentucky natal confronté au racisme avant de découvrir la félicité grâce à la musique et à la guitare. Une découverte assez tardive, comme en témoigne la longue première partie du livre, où la musique est totalement absente. Mickey Baker, guitariste fondamental, venu du jazz, du calypso, du mambo et du Rhythm and Blues devenu un pionnier du rock’n’roll relativement méconnu, car ayant très peu enregistré sous son nom, et surtout connu pour ses collaborations (Ike et Tina Turner, The Drifters, Ruth Brown etc…) Un musicien obscur donc qui a pourtant décroché, à la fin des années 1950, la timbale au sein du duo Mickey & Sylvia et le fameux tube « Love is Strange », dont la présence dans la B.O. de Dirty Dancing a assuré la retraite de Mickey. Une histoire rocambolesque d’ailleurs pour faire valoir ses droits d’auteur au musicien. Une histoire vécue aussi de loin, Mickey Baker ayant élu domicile en France dès le début des années 1960, un précurseur là aussi, bien avant Jim Morrison ou Elliott Murphy. Un autre chapitre dans la vie du musicien qui mettra son talent au service de la scène yéyé, on pense en particulier à Ronnie Bird. Toute sa vie aura entretenu un rapport ambivalent à son art, comme s’il semblait regretter d’être perçu comme un visionnaire de la guitare électrique saturée, déplorant d’avoir contribué au nivellement par le bas de la musique. Ses dernières années seront consacrées à la grande musique, celle écrite sur des partitions, sa guitare ne quittant plus que très rarement son étui. Mickey Baker est décédé le 27 novembre 2012 à l’age de 87 ans, à Montastruc-la-Conseillère, dans sa patrie de cœur, la France. Découvrir son autobiographie, écrite tout seul, avec ses maladresses et sa sensibilité, restée jusqu’ici inédite, une décennie après son décès, se révèle très émouvant.

Mickey Baker, « Alone », Editions Séguier, 761 pages, 22 euros.

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