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Miki Dora

December 12, 2015

Et tous les ans, c’est la même chose… Alors que les journées raccourcissent, que dehors il fait froid et que les premières décorations de Noël font leur apparitions dans les rues et les magasins, je ressens une certaine nostalgie. Celle de l’été, de la plage et du soleil. C’est alors que je me replonge avec délectation dans la lecture de Miki Dora, la biographie signée Alain Gardinier, avec un plaisir toujours renouvelé. Tourner les pages et écouter de la musique sont bien les plus surs moyens de voyager dans l’espace et dans le temps. Miki Dora, donc. Sur la couverture du livre, quatre adjectifs se suivent : Surfeur, Héros, Rebelle, Hors-la-loi. Mais qui était vraiment Miki Dora ? Un peu tout cela à la fois, comme si il appartenait au lecteur de classer lui-même les adjectifs en question et de définir « son » Miki Dora. Après tout, tout est subjectif et sujet à interprétation…

Il y a eu en effet plusieurs Miki Dora. Le surfeur de génie tout d’abord, l’icône mythique de Malibu entre les années 1950 et 1960. Le chat, « Da Cat », surfeur félin, qui bougeait avec tellement de grâce sur son longboard qu’il donnait l’impression de danser, totalement en phase avec l’Océan. L’artiste de la vague, à l’opposé du « power surfing », très physique, actuellement en vogue. Un tel talent n’est pas passé inaperçu et bien vite Miki s’est retrouvé à l’affiche d’une grosse dizaine de films de surf, autant de bluettes, au début des années 1960 que ce soit comme acteur, doublure ou cascadeur. La publicité fut aussi une autre expérience et son image a souvent été utilisée pour illustrer différent produits en lien (ou non) avec la surf culture. C’est pour nous, Français et citadins, l’illustration parfaite d’une Californie mythique et l’age d’or d’un mode de vie hédoniste : la plage, les bikinis, les palmiers géants, les Beach Boys et autre Challengers à fond dans le transistor… Autant d’images qui nous font rêver en patientant sur le quai du métro…

Mais bien vite, Miki a pris la tangente (dans tous les sens du terme) flirtant dangereusement avec la ligne jaune. Miki Dora est, aussi, le rebelle du surf. Celui qui a refusé la compétition, le business pour préférer une vie faite d’expédients plus ou moins légaux qui le mèneront en prison, le pire cauchemar pour un homme comme lui, épris de liberté et amoureux de la nature. On découvre alors une facette beaucoup plus sombre du personnage qui n’hésitait pas à voler ou à arnaquer même ses propres amis.

Pas le moindre des paradoxes pour un type qui, pourtant les collectionnait. Icône de la Californie, Dora n’était même pas né en Amérique mais en Hongrie. Une erreur de typographie sur ses papiers d’identité avait transformé son Hungary natale en Hungry (faim), comme un résumé de son caractère avide, chercheur d’or et de pierres précieuses qu’il considérait comme les seules valeurs refuges en ce bas monde.

De Malibu à la Côte Basque, c’est le résumé du parcours de Dora qui a quitté les Etats-Unis dès les années 1970. En creux, ce livre nous dépeint un monde qui n’est plus. Un monde, pas encore cornaqué par l’informatique, l’internet et les réseaux sociaux, où, sans une thune en poche, il était possible de faire le tour du monde grâce à des billets d’avion contrefaits à la main. Miki Dora, emporté par un cancer le 3 janvier 2002, aurait eu bien du mal à survivre au XXI ème siècle…

Très bien écrit, avec érudition et passion, par un journaliste connaissant son sujet sur le bout des doigts, richement illustré par de magnifiques photos (en couleur le plus souvent) d’époque, propices à faire voyager le lecteur, autant d’éléments qui font de Miki Dora un moment de lecture passionnant.

Miki Dora d’Alain Gardinier

Editions Atlantica

21 euros, 333 pages.

Dora lives! King of Malibu! from Capitan Surfocker on Vimeo.

“THE BLACK KNIGHT” MIKI DORA from Capitan Surfocker on Vimeo.

The Knight rider “Miki Dora” Shortboard Revolution from Capitan Surfocker on Vimeo.

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