Sorti à l’origine en 1961, « Miss Etta James » n’est pas le premier album de l’inoubliable interprète de « At Last » mais une compilation regroupant ses enregistrements de jeunesse, entre 1955 et 1960, alors que la chanteuse (née en 1938) était à peine sortie de l’adolescence. De fait le disque se situe dans un subtil entre-deux. Appelée à devenir une grande voix du blues, voire du jazz, Etta James est alors très influencée par le rock’n’roll (cf. la merveilleuse « Strange Things »), un genre qui convient à merveille a sa voix électrisante et à son chant rauque et éraillé. Très jeune mais déjà dotée d’une oreille et d’un goût très sûr, Etta James fait une merveille de chaque titre mis à sa disposition, laissant entrevoir ce qu’il adviendra de sa carrière par la suite. Swing contagieux de la batterie sur chaque piste, saxophones déchaînés déchirant l’air, martèlement du piano ; les titres regroupés ici ouvrent grandes les portes d’un rhythm and blues survolté (cf. « That’s all » ; « How big a fool »). Son chant électrique fait le lien entre ces chansons disparates, la grande engeance de l’art compilatoire, qu’il convient d’apprécier comme la bande-son, en forme de patchwork, d’une époque. Avouons-le tout de go, il s’agît là d’un chef d’œuvre !
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