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Motown Greatest Hits

October 4, 2019

Parmi les labels à l’identité tellement forte qu’elle éclipse les artistes (à quelques exception près), la Motown se pose là. Essentielle, indispensable, la fameuse étiquette au logo M stylisé, est en soi un gage de qualité, un label dont on collectionne compulsivement les sorties. Après un premier disque, Motown Legend, en 1990 fêtant les 30 premières années d’existence, voici une nouvelle compilation, sobrement intitulée « Greatest Hits », dont la couverture noire toute simple regorge de nombreux trésors, répartis sur trois disques dans l’ordre chronologique, du pionnier Barrett Strong en 1959 aux derniers sursauts de 1991 incarnés par la chanteuse Shanice. Un menu de premier ordre donc, auquel il manque juste un livret et des illustrations ce qui aurait constitué un véritable coffret et c’est une petite source de frustration pour le mélomane. Des trois cédés, le premier, celui couvrant la période allant de 1959 à 1970, est celui qui s’acclimate le mieux de ce format compilatoire parce qu’il illustre la période du 45 tours roi et des hits à foison à l’efficacité immédiate (« Baby Love » des Supremes, « Dancing in the street » de Martha Reeves & The Vandellas, « My Girl » The Temptations etc.) Le deuxième disque (de 1970 à 1977) incarne un label toujours au top et illustre de nombreux changements, la généralisation du format album et le déménagement du label de Detroit (la capitale de l’automobile aux Etats-Unis, Motor Town = Motown) vers la Californie et Los Angeles, ce qui sur un plan musical, s’est traduit par des sons psychédéliques venus infuser la soul (« War » d’Edwin Starr, « Superstition » de Stevie Wonder, « Papa was a Rollin’Stone » The Temptations). Les années 1980 et 1990, illustrées sur le troisième disque, seront en revanche beaucoup plus cruelles pour la Motown, passés les derniers éclairs du disco (« Don’t leave me this way », Thelma Houston ; la fabuleuse collaboration entre Diana Ross et Chic ayant pour résultats l’abrasif « Upside down » et le tube gay « I’m coming out » ; « Super Freak » Rick James). Ainsi les dernières sorties signées de l’obscure Shanice (« I love your smile »), des oubliés Debarge (« Rhythm of the night ») ou Rockwell (« Somebody’s watching me ») font montre d’un label à bout de souffle, ayant perdu son savoir faire, sa magie et sa direction artistique, s’acclimatant, de plus, assez mal des sons synthétiques de l’époque. Pour le reste c’est un défilement de tubes signés de superstars (Michael Jackson et/ou les Jackson 5, Lionel Richie, Marvin Gaye etc.) qui ne saurait faire oublier les nombreuses redécouvertes (la quiet storm des Commodores, Jimmy Ruffin, Frank Wilson, Eddie Kendricks ou, plus étonnant, Frankie Valli & The Four Seasons). Le plus étonnant reste encore de constater les nombreux oublis (le plus criant reste en l’espèce Rare Earth) pour réaliser l’immensité du répertoire de la Motown, véritable pierre angulaire de l’histoire de la musique populaire du 20ème siècle.

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