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New York Dolls (1973)

September 13, 2013

1973, alors que l’utopie hippie vit ses dernières heures, un nouveau courant précurseur du punk se fait jour. Il est temps de ressortir les guitares, de jouer le pied au plancher dans un joyeux bordel. L’épicentre de la révolution sera New York City et les cinq poupées en seront les apôtres. Les New York Dolls, c’est avant tout un style, qui marque autant les yeux que les oreilles. Cinq types, avachis dans un canapé, clopes au bec, coupe de champagne à la main, maquillés et travestis. Avant même d’écouter la moindre note, le disque exhume un parfum sulfureux. Impression qui se vérifie à l’écoute. Les guitares (Johnny Thunders / Sylvain Sylvain) sont tranchantes et crades, la section rythmique, Jerry Nolan est à la batterie, Arthur Kane à la basse imprime le rythme avec autorité, sans laisser de place pour les fioritures. Quant au chanteur David Jo Hansen, ce dernier chante autant qu’il hurle, mais toujours avec classe et distinction. Ca va vite, ça joue fort, c’est sauvage. Tout cela n’aurait pu être qu’anecdotique, juste un groupe bruyant de plus, un cirque finalement plus amusant à regarder qu’autre chose. Une anecdote de trois lignes dans la grande encyclopédie du rock. Mais cela serait oublier l’apport fondamental de Todd Rundgren, le producteur du disque. Venu du garage rock (un groupe appelé Nazz) avant de s’orienter vers la pop (le tube « I saw the light ») de plus en plus expérimentale au fil du temps (l’album « A wizard, a true star ») Todd Rundgren a le savoir-faire et le grain de folie nécessaire pour emmener le groupe ailleurs. Cet ailleurs, c’est la science des arrangements qui propulse les New York Dolls au septième ciel, au paradis des albums et des groupes inoubliables : le piano boogie de « Personality crisis » qui ouvre le disque, le saxophone de la magnifique ballade « Lonely planet boy », l’harmonica qui parsème l’album de notes bluesy ici et là (« Pills » une des grandes réussites de l’album). Ce disque inaugural des New York Dolls est au final remarquablement équilibré dans ses meilleurs moments, « Trash », « Bad Girl », le groupe renoue avec la foudre des pionniers du rock, c’est électrisant au possible et donne envie de grimper aux rideaux. Mais les Dolls savent aussi se faire touchant à l’occasion « lonely planet boy ». Hélas, ce premier album sera pratiquement le chant du cygne des New York Dolls. Ravagé par l’alcool, la dope et une guerre d’égos sans merci le groupe implosera après la sortie de son deuxième disque au titre prémonitoire « Too fast too soon ». En effet, tout est allé beaucoup trop vite pour les New York Dolls. Les étoiles filantes ne durent pas.

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