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« Paris n’existe pas » de Robert Benayoun (1969)

October 20, 2013

Nous sommes en 1968. Simon (Richard Leduc), jeune peintre en mal d’inspiration, goûte à une substance prohibée lors d’une soirée. Dès lors, la perception de la réalité de Simon est transformée : les objets bougent tout seuls sans raison apparente, les couleurs varient d’une seconde à l’autre et le jeune peintre est doté d’une étrange faculté à voyager dans le temps, anticiper l’avenir ou revisiter le passé. Simon se retourne alors vers son mentor (interprété par Serge Gainsbourg, sapé comme un dandy britannique en chemises à jabot) pour lui confier son désarroi…

Sur ce premier long, Robert Benayoun tire un parti intéressant de l’étrangeté dégagée par le scénario pour signer une œuvre bluffante d’un point de vue visuel. Une suite de tableaux surréalistes, expérimentaux, soulignés par une musique pop baroque signée par Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier, leur première collaboration quelques années avant « Melody Nelson ». Le cinéma de Benayoun traduit sa passion pour l’art, « Paris n’existe pas » est une sorte de grand télescopage entre Pop art, les cartons types BD du début ne sont pas sans rappeler Roy Lichtenstein (c’était l’époque), et l’art nouveau qui envahit les décors (à l’occasion des visions issues de passé du personnage de Simon). Si le film a subi l’outrage du temps, c’est de manière positive, l’ensemble peut se regarder comme une « time capsule », un témoignage sur la vie et les mœurs sociales d’une époque révolue.

Écrivain et critique de cinéma, pointu et exigeant, Robert Benayoun (décédé en 1996) était avant tout passionné par le septième art au point de passer lui-même à la réalisation. Il ne dirigera que deux films, « Paris n’existe pas » étant son premier. Sorti dans les salles en 1969, le film sera longtemps invisible avant d’être exhumé par cette sortie en dvd.

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