Tu vois, c’est étonnant mais si tu m’avais demandé une liste de mes artistes/groupes préférés, spontanément, je n’aurais pas cité David Bowie. Et pourtant je l’aimais beaucoup. Mais encore faut-il savoir de quel David Bowie parle-t-on ? Du barde folk des débuts (« Song for Bob Dylan » sur « Hunky Dory ») ? De l’icône glam rock androgyne ? Sa carrière est en fait assez difficile à suivre. Toujours à l’affût des dernières tendances, quitte à vampiriser ses contemporains, transformiste musical, David Bowie a toujours regardé en avant tout en refusant de refaire maintes et maintes fois le même disque. Ce n’est pas compliqué, ce type à tout fait. Tout et son contraire aussi. Sa carrière est un labyrinthe et relève au final de l’impossible : concilier exigence artistique aiguë et succès commercial massif. Une gageure. David Bowie, c’est le genre d’artiste dont il faut choisir une période, se l’approprier et en faire « son Bowie ». Dans cette optique « mon Bowie », c’est définitivement celui des années 70, des années folk, glam rock jusqu’à la trilogie Berlinoise. Et c’est déjà pas mal, parce qu’entre « Space Oddity » (1969) et « Low » (1977, rappelons au passage que ce premier volume de la trilogie Berlinoise a été en partie enregistré en France dans les mythiques studios du château d’Hérouville, cocorico), il y a un écart artistique certain.
Le premier disque de Bowie que j’ai acheté, en cassette audio à l’époque, c’était le live à Santa Monica 1972 (j’en ai déjà parlé par ici). En l’écoutant je me suis tout pris dans la tête d’un seul coup. Tout c’est à dire, « Suffragette city », « The Jean Genie », « Moonage daydream », le proto-gay « John i’m only dancing », la fabuleuse guitare de Mick Ronson pour résumer la chose. Rien que d’y penser j’en ai encore la chair de poule et des frissons dans la nuque. C’était wham, bam, Thank you Ma’am, la révélation, quoi ! Et Ziggy Stardust alors, parlons-en deux minutes de Ziggy. Que dire cet enchaînement « Moonage Daydream/Starman », mes deux préférées, c’était fabuleux. « Starman », je pourrais l’écouter pendant des heures, je n’ai pas fini de m’extasier sur ce fantastique gimmick de guitare (Mick Ronson, encore), ce son de batterie très mat, pratiquement sans cymbale, et sur le chant rythmé de David. Ce titre relève du prodige, ni plus, ni moins.
Pour ce qui me concerne, l’autre grande période de Bowie, c’est celle de la trilogie Berlinoise, à la fin des années 1970. Trois albums, « Low », « Heroes » et « Lodger », froids, sombres et expérimentaux par certains aspects. Trois disques essentiels car annonciateurs de la cold-wave des années 1980 et l’occasion de rappeler que l’interprète d’Aladdin Sane (un album fabuleux soit dit en passant) est aussi un avant-gardiste des musiques électroniques. La suite, « Let’s dance » par exemple, me touche moins en dépit de l’étonnante alliance contre-nature avec le guitariste, Texas blues pur jus, Stevie Ray Vaughan.
Et puis il y a le Bowie passeur, le producteur de Lou Reed et d’Iggy Pop. Car si aujourd’hui le Velvet Underground et les Stooges sont considérés comme des références, cela n’allait pas forcément de soi dans les années 1970. Trop nihilistes, sombres et violents pour l’époque…
Alors pour tout cela, merci David et rest in peace…
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