Bien connu des fans de rock pour sa participation, en tant que bassiste, aux inoubliables Small Faces (dans les années 1960 avec Steve Marriott) et Faces (avec Rod Stewart, au cours de la décennie suivante), Ronnie Lane fût également un fin songwriter en solo, un chapitre malheureusement un peu méconnu de sa carrière. Et pourtant, le musicien anglais à vécu une carrière féconde et assez peu commune ; le tout forme un destin passionnant. Au début des années 1970, lassé par les guerres intestines et les disputes incessantes qui ont accompagnées toutes ses expériences de groupe, Ronnie Lane claque la porte et change complètement de vie. Fini le strass, les paillettes et (probablement) les excès accompagnant les musiciens dans le Swingin’ London, Ronnie met le cap vers la campagne profonde anglaise, s’installe dans un corps de ferme et investit dans un studio d’enregistrement mobile, un procédé révolutionnaire pour l’époque (on retrouve dans le copieux livret quelques photos publicitaires pour ledit engin à l’irrésistible charme d’époque). Ce changement s’accompagne d’une nouvelle orientation musicale. Maîtrisant autrefois l’électricité comme personne au sein des Mods de The Small Faces ou dans le cadre proto hard-rock, simili Stones des Faces, Ronnie vire acoustique au début des années 1970, entre folk et country, au point de devenir un des meilleurs spécialistes anglais de ce style intrinsèquement étasunien. La musique s’accompagne alors d’un décorum très étudié, concerts sous chapiteau, ambiance foraine et nomade garantie. C’est toute cette merveilleuse époque que ce luxueux coffret nous fait revivre et réjouissons-nous, car le musicien n’avait jamais fait l’objet d’une anthologie de cette ampleur ! Six cds, un luxueux livret richement illustré, un deuxième livret regroupant les paroles et la reproduction d’une affiche de concert ! Le contenu est certes exhaustif, riche de nombreux inédits, mais n’est pas une intégrale. Il manque l’album « Mahoney’s Last Chance » de 1976, et le tout peut-être utilement complété par l’excellent disque en duo avec Pete Townshend (The Who), « Rough Mix » (1977). Le dernier cd, totalement inédit nous semble-t-il, regroupe des titres enregistré durant la période américaine de l’artiste au cours des années 1980. Contrairement à ce que laisse supposer le titre du coffret, les derniers enregistrements datent de 1992 (1997 étant l’année de son décès) où, hélas, la maladie transparaît dans sa voix et son chant. En dépit de son déménagement aux Etats-Unis, à la recherche d’un traitement, la sclérose en plaques finira par l’emporter comme ce fut le cas pour sa Mère.
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