Artiste plutôt méconnue, Rose McDowall était membre du duo Strawberry Switchblade dont le premier album est sorti en 1985. L’année suivante, l’aventure du groupe était déjà arrivée à son terme et Rose McDowall s’est alors lancée dans l’enregistrement de son premier album solo, entre 1988 et 1989, récemment réédité. D’obédience plutôt new wave, la chose est pour le moins étonnante. On est surpris par l’angle pop délibérément choisi par Rose McDowall, les chansons sont scintillantes, presque guillerettes comme si les années 1960 étaient transposées dans les années 1980. Malgré l’utilisation de boîtes à rythmes et de synthés, le disque a particulièrement bien vieilli grace à des mélodies bien trouvées (« Sunboy », « Wings of heaven ») et un équilibre pertinent entre guitares et nappes synthétiques. Les chansons regorgent de hooks, joués au synthé ou à la guitare, et toutes avaient un potentiel tubesque certain (« Crystal nights », « So Vicious »). Et pourtant derrière la façade pop primesautière et les refrains chantés en choeur, un vrai girls group 60s à elle seule, Rose McDowall nous entraîne dans un abîme de noirceur : « And i will take you by the hand and lead you to my sunny side / And i will cut you with the cake knife right between the eyes » chante-t-elle sur le morceau qui donne son titre à l’album. L’album entretient une véritable dichotomie entre pop ligne-claire lumineuse et paroles sombres plongeant l’auditeur dans un entre-deux malsain. Les neufs titres originaux sont complétés par deux bonus (issus d’un 7” rare de l’artiste) dont une relecture étonnante et très marquée par les années 1980 de « Don’t fear the reaper » (Blue Oyster Cult). Rose McDowall, aujourd’hui agée de 55 ans, vit plus ou moins recluse et remonte rarement sur scène. A redécouvrir.
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