Un petit événement se déroule ces jours-ci, la ressortie (et pour la première fois en vinyle) de « Fête foraine » de The Apartments. Album secret et un peu oublié, ce dernier occupe une place à part dans le corpus des Australiens. Jamais sorti officiellement, vendu exclusivement par correspondance ou après les concerts, « Fête foraine » revoit donc le jour grâce à l’entregent du label français Microcultures, après avoir gagné au fil des ans ses galons de « disque culte ». Ce disque symbolise un moment à part, suspendu, presque un projet parallèle. Enregistré en formation resserrée, l’album est composé de versions acoustiques de chansons déjà connues par une formation assez baroque (pour un album de pop s’entend) : piano, guitare acoustique, trompette, quelques chœurs et percussions éparses et c’est tout. Cet écrin acoustique convient à merveille au chanteur Peter Milton Walsh (qui est aux Apartments ce que Robert Smith est à The Cure, le seul membre inamovible du groupe depuis son premier album sorti au mitan des années 80) dont la voix grave résonne comme celle d’un crooner de charme accroché au comptoir de bois lustré d’un pub au petit matin, le visage mangé par une barbe naissante et la cravate desserrée. Le résultat est à tomber à la renverse. Mélancolique et beau comme un soleil automnal brillant entre les feuilles mortes, jaunies, d’un arbre. Impossible de ne pas céder à la mélancolie vénéneuse de « Knowing you were loved » ou à l’entrain de la faussement primesautière « On every corner », particulièrement enlevée pour une chanson acoustique. Le piano résonne d’un écho étrangement fantomatique alors que la trompette enrobe le tout d’une irrésistible note torch song (la magnifique « Sunset hotel »). Un disque de saison, automnal, cérémonieux et crépusculaire (superbe « End of some fear »), à écouter au soleil couchant. Un must.
No Comments