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Leonard Cohen : « Songs of love and hate » (1971)

December 12, 2016

Lorsque sort ce troisième album, Leonard Cohen est alors âgé de 37 ans. Un âge canonique dans le rock n’roll circus, qui place, de facto, son auteur à la marge, recalé dans le coin alors que la fête bat son plein. Trop âgé pour jouer au vieux hippie, trop mur pour Woodstock, la drogue, les pieds dans la boue, tout ce cirque, très peu pour lui. Et surtout, avant la musique, Cohen a connu une première vie artistique, celle d’un écrivain dont le premier recueil de poésie (« Let Us Compare Mythologies ») a été publié en 1956. Un background sérieux, intellectuel, qui détonne dans le petit monde du rock n’roll. Ce présent album est le dernier d’une trilogie aux titres sobres mettant en exergue cette notion d’auteur (« Songs of Leonard Cohen », 1967, « Songs from a room », 1969) et donc pour finir, « Songs of love and hate », sorti en 1971. Album particulièrement émouvant, « Songs of love and hate » pratique une sorte d’ascèse musicale, de la poésie arrangée sur un mode musical frugal (exception faite de « Diamonds on the mine », étonnamment enlevée). De Cohen, on entend peu de choses ici. Sa guitare classique et quelques lampées de cordes pour arranger la chose sur le mode de la dramaturgie. Et sa voix. Et quelle voix ! Grave, sombre, caverneuse, comme venu d’outre-tombeau, son timbre hypnotise l’auditeur. De fait, « Songs of love and hate » n’est pas ce que l’on pourrait appeler un album facile d’accès. Pas tout à fait le disque qui va nous faire sauter au plafond. C’est après plusieurs écoutes, religieuses, que l’album va, aussi lentement que sûrement, révéler ses trésors. Un disque qui se mérite, qui nécessite une période d’appropriation pour l’auditeur. Accéder à sa beauté est à ce prix. Ce n’est qu’après un certain temps que l’on fait fi de l’image austère de Cohen, et qu’enfin, l’album révèle sa magie, emporte et hypnotise l’auditeur. Et c’est beau.

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