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Caravan : «For girls who grow plump in the night » (1973)

May 24, 2016

Au départ était le rock progressif dit de « l’école de Canterbury ». Soit un rock emprunt de grandeur et de virtuosité, digne du jazz, visant à créer un labyrinthe sonore propice à la rêverie. Ainsi la petite ville sise dans le Kent (au sud-est de l’Angleterre) a vu naître une pléthore de groupes tous plus grandiloquents les uns que les autres. Outsiders parmi les autres, Caravan arrive à maturité sur ce cinquième album et signe, peut-être, le chef d’œuvre du genre. Plutôt que se perdre en conjecture musicales et autres plans sur la comète, l’écueil récurrent du rock progressif, Caravan a réussi, mieux que personne, à marier les contraires. Soit l’immédiateté du rock n’roll, au travers d’une guitare puissante aux riffs acérés souvent placée en intro, et une réelle ambition musicale servie avec force cuivres, violons (électriques et acoustiques) et autres synthés ARP (la technologie de pointe de l’époque). Ainsi, passant d’une extrême à l’autre, l’album ne cesse de souffler le chaud et le froid, d’envoyer les watts avant de les diluer dans les effluves de morceaux fleuves, dépassant les dix minutes, composé de différents mouvements (l’impressionnant « Memory Lain, Hugh/Headloss», « Be all right », « L’auberge du sanglier »). L’amateur de rock n’roll, simple et direct, y trouvera son compte, l’esthète également. Quarante ans après son enregistrement, l’album a conservé toute sa fraîcheur et épate encore par la variété de ses climats plutôt groove/funky sur « C’thlu thlu », champêtre sur « Surprise, surprise » et « The dog, the dog, he’s at it again ». Une pièce maîtresse.

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2 Comments

  • Reply Frédéric April 2, 2020 at 10:30 pm

    Très bon disque en effet, même si mon coeur s’envole plus volontiers vers la fraîcheur du second album et son parfum de sortie des sixties avec la très belle suite “For Richard”.

    Ce n’est plus le même Caravan qui, avec “Pour les femmes qui deviennent grossières la nuit”, monte sérieusement en puissance de feu après quelques mouvements dans les effectifs. Juste une réserve pour le très dispensable C’thulu C’thulu qui hésite entre Black Sabbath et Mungo Jerry : cette comparaison, je l’ai lue sur un autre site et je la recopie parce que de fait, c’est exactement ça 🙂 🙂 On n’hésitera pas à pousser la touche next du lecteur de CD ou à lever le bras en S de la vénérable platine à entraînement direct pour régler radicalement son cas à ce titre trop bancal et trop caricatural. Enfin, personnellement c’est comme ça que je m’occupe de ce plantage en règle.
    Sinon, oui, pour tout le reste de l’album je suis sur le pont à l’aube. Le retour de David Sinclair et de ses bons vieux sons d’orgue trafiqués – ou pas – ainsi que l’apport du violon réinstallent pour un temps cette ambiance inimitable.

  • Reply Frédéric April 2, 2020 at 10:52 pm

    Ha mais non, pas “grossières” pour plump. Mon anglais se fait la malle doucement, rooooh.

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