Réécouter le premier album en solo de David Crosby quelque 46 ans après sa sortie se révèle une expérience étonnante. Commençons par la pochette, soleil couchant sur la plage, le visage de David en très gros plan en surimpression, le cliché kitsch de la chose confère au génie et/ou à la représentation iconique. La musique est à l’avenant, concentré de ce que le rock hippie californien à de mieux à offrir. Enfin le titre, tellement ridicule, ironique même lorsque l’on connaît les errements de Crosby en matière de substances illicites, qu’il en devient génial. Le premier titre « Music is love » est une ballade acoustique, inoffensive et pleine de bons sentiments, typiquement hippie, c’est le premier aspect du disque. L’intro passée, on passe aux choses sérieuses avec le dantesque (8 minutes) « Cowboy Movie », incontestablement le sommet de l’album. Blues déconstruit à la sauce hippie, feeling jam, électricité savamment contrôlée, le titre n’est pas très éloigné de ce que pouvait proposer son ex-collègue Neil Young et son Crazy Horse à la même époque (cf. « Down by the river »). Mais le disque brille aussi par son côté barré, psychédélique, limite expérimental. Ainsi Crosby se révèle un chanteur hors pair, dans le domaine de la vocalise ; cet album contient probablement les meilleures chansons sans paroles, où la voix est utilisée comme un instrument, jamais enregistrées (l’influence des drogues ? Cf. le titre). Enfin, certains titres (« Orléans ») font penser au Grateful Dead. Passant ainsi d’une influence à l’autre, l’album ne cesse d’évoquer d’autres artistes, Grateful Dead, Neil Young mais aussi son propre travail au sein de CSN. Une transversalité qui fait de cet album une véritable carte postale, vous savez cet objet cartonné obsolète représentant souvent un couché de soleil, envoyé par David depuis la Californie hippie depuis les seventies naissantes. Le diamant délicatement posé sur le sillon et vous y êtes. Décollage immédiat.
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