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Françoise Hardy : « Message Personnel » (1973)

July 29, 2014

Princesse de la mélancolie, âme solitaire, ce n’est pas pour rien que Françoise Hardy a accédé à la célébrité avec une chanson intitulée « Tous les garçons et les filles de mon age »… Son association avec Michel Berger, avec lequel elle partage le goût des chansons romantiques et mélancoliques, va lui permettre, en 1973, d’atteindre le sommet de sa carrière avec l’album « Message Personnel ». En 1973, Michel Berger était capable de grandes choses, c’était avant le grand virage vers la variété des années 1980, une autre époque… Pourtant, l’histoire commence mal, sur une incompréhension mutuelle. Françoise Hardy souhaite que Berger compose l’intégralité du disque. Ce dernier est d’accord pour assurer la production de l’album mais ne signe que deux titres, « Première rencontre » qui ouvre le bal et « Message Personnel » qui le clôture. Deux compositions qui pèsent lourd dans la balance. Tout au long de ces dix plages, Michel Berger tisse une toile sentimentale, particulièrement délicate, au-dessus de laquelle plane la voix diaphane de Françoise Hardy. Cette dernière est parfaite dans le rôle. L’habillage convient admirablement bien à son univers mélancolique et permet de faire étinceler, encore plus que d’habitude, les textes, quasiment tous signés de la plume d’Hardy. Mentions particulières pour « Message Personnel », un drame de la solitude et pour « L’habitude », en duo avec Georges Moustaki, la chronique d’une séparation. Le soin apporté aux arrangements et la finesse de production frappe encore, quarante ans après les faits, quand on réécoute le disque. La délicatesse des guitares (« L’habitude »), la volupté des cordes, la justesse des percussions… Du travail appliqué, c’est le moins que l’on puisse dire. La précision d’une montre suisse. Le bouquet final, « Message personnel », mériterait à elle seule une chronique entière. Un morceau étrange, porté par une dynamique en deux temps. Une première partie parlée, signée Françoise Hardy, en guise de longue introduction et une deuxième partie, signée Michel Berger, chantée. L’ensemble pourrait sonner bancal. Mais par un étrange miracle, la magie opère et la chanson tirerait des larmes à un cœur de pierre. Impossible de ne pas citer le batteur, André Sitbon, un héros méconnu du rock n’roll, littéralement en état de grâce à la fin de la chanson. Le final est explosif, rythmé par une hallucinante descente de batterie, digne des plus grands et qui m’avait tellement impressionné quand j’ai découvert le titre pour la première fois, enfant, sur l’autoradio de la voiture familiale. Quel dommage que la chanson se termine sur un fade out terriblement frustrant. On voudrait que ce « Message personnel » s’étire à l’infini…

Particulièrement soignée, cette belle réédition inclus également, sur un deuxième cd, le 45 tours « Je suis moi » / « Demain c’est hier » ainsi qu’une belle brochette de duos enregistrés pour la télévision et la radio. Les versions instrumentales également incluses, permettent d’apprécier encore plus la production soignée dont on parlait plus avant. Par contre, les versions étrangères, en anglais et en allemand, sont plus anecdotiques et dispensables.

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