Conçu à l’origine pour à la fois prolonger la carrière de Steve Marriott (alors en rupture de ban avec les Small Faces) et lancer celle du guitariste adolescent prodige Peter Frampton (qui quittera le navire assez vite), Humble Pie atteint des sommets avec « Smokin’ », le septième album de la formation. Frampton a alors quitté le groupe depuis un certain temps, et c’est avec un autre guitariste prodige, hélas trop méconnu, dénommé Clem Clempson, que ce disque fût enregistré. La chose démarre sur des bases élevées avec « hot ‘n’ nasty » (voilà qui a le mérite d’être clair). Le son est lourd, gras, on sent toute l’influence maléfique du blues qui après maintes transformations devient du rock (influence particulièrement prégnante sur “I Wonder”). L’euphorie se prolonge avec « The Fixer », une petite merveille, avec un Marriott prêt à en découdre et, surtout, pas effrayé à l’idée de se faire exploser les cordes vocales pour la bonne cause. Placée en troisième position « You’re so good for me » offre une pause acoustique bienvenue et met en avant des influences plus soul/rhythm n’blues (dans le même genre « Old time feelin’ » vaut aussi son pesant de notes bleues). « Smokin’ » c’est un peu les extrêmes qui se rejoignent quand le rock tendance lourd, paye son tribut (et Dieu sait si ce dernier est élevé) à la grande musique Noire Américaine (« 30 days in the hole », l’hallucinant dyptique « Road Runner/Road Runners G jam »). Comme une manière de boucler la boucle. A la réécoute on devine l’influence immense qu’a pu avoir ce disque mythique sur (au hasard) les Black Crowes. Un grand disque à redécouvrir.
No Comments