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Paul McCartney & Wings : « Red Rose Speedway » (1973)

January 6, 2019

Sorti à l’origine en 1973, « Red Rose Speedway », le deuxième album des Wings est le dernier à avoir bénéficié d’une réédition, traitement de luxe, en fin d’année 2018. Bien loin de l’ambition démesurée et artistique affichée par les Beatles, cet album voit McCartney rentrer peu à peu dans le costume du champion de la ballade pop FM (cf. « Little Lamb Dragonfly »). Ce qui, vu le talent et la carrière du principal intéressé, n’a absolument rien d’infamant (la magnifique quasi solo au piano jazzy et baroque « Single Pigeon »). Comme souvent avec les Wings il s’agît pour les musiciens de placer le plaisir de jouer avant tout sans se compliquer trop la vie. Tout l’album est à cette image, une collection de mélodies lignes claires où plane, en arrière plan, le fantôme des pionniers du rock’n’roll, on pense en particulier à Buddy Holly ou Roy Orbison (« Big Barn Bed », « Get on the right thing » ou le fabuleux medley de onze minutes qui clôt l’affaire). Comparé au premier album des Wings, l’ambiance y est moins champêtre et, surtout, moins acoustique. Plus urbain, plus électrique voire nocturne (« When the night »), Paul pose sur la pochette devant le moteur d’un gros cube ; ce qui, en l’espèce, n’a rien d’un détail, le disque est fait pour l’autoradio. Un album de bitume à écouter sur l’autoroute alors que les palmiers et l’océan défile sur le bas côté. L’électricité à aussi l’avantage de permettre de se permettre quelques pas de côté vers un rock plus dur (la coda de « Get on the right thing ») ou de laisser quelques influences blues transparaître, en filigrane, dans les soli de guitare (« One more kiss », “Loup”) autant de facettes incarnées à la perfection par le guitariste Henry McCullough qui fait ici son entrée en scène. Prévu et pensé à l’origine pour être un double album, le disque est finalement sorti dans une édition simple après que McCartney se soit ravisé et coupe une bonne partie des titres. Un contexte qui, pour une fois, justifie pleinement le concept d’édition de luxe. Loin d’être une collection de fonds de tiroirs, à l’intérêt variable, le deuxième cd bonus est consistant, plus d’une heure, et permet de reconstituer, en partie, le double album d’origine. D’une présentation soignée et richement illustrée, cette nouvelle édition est probablement appelée à faire autorité.

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