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Polnareff : « Classics Vintage »

March 9, 2014

En attendant un nouvel album, attendu depuis des lunes et finalement annoncé pour la fin de cette année, un double DVD intitulé « Classics Vintage » retrace la carrière de Michel Polnareff au travers de ses nombreuses apparitions télévisées des années 1960, 1970 et 1980. Du jeune chanteur folk, un peu gauche et emprunté, cheveux longs et sans lunettes (!!!) des débuts au karatéka bodybuildé affirmant sa virilité, lassé d’être pris pour un homosexuel (cf. les paroles de « Je suis un homme »), Polnareff a bien changé au fil de diverses incarnations… Sa carrière peut ainsi se découper en plusieurs phases. Bien évidemment, le Michel des débuts est brillant, absolument brillant. Les chansons de l’époque comptent aujourd’hui encore parmi ce que la France a produit de mieux en matière de pop (avec Gainsbourg et quelques autres) francophone. « La mouche » et ses percussions démentes, la baroque « Le bal des Laze » (détail rigolo l’extrait de 1968 montre Michel s’abstenant de chanter le mot « amour », autre temps, autres mœurs…) rivalisent sans peine avec le modèle anglo-saxon. « Fat madame », « Encore un mois, encore un an », « Hey you woman », « Né dans un ice cream » (ce dernier titre est formidable) démontrent un amour immodéré du jazz et un impeccable sens du swing. La sélection permet de redécouvrir une facette humoristique assez méconnue, « La pipelette », et des titres un peu oubliés, la mélancolique « Pourquoi faut-il se dire adieu ? ». Si le début des années 1970 se déroule encore assez correctement, « La fille qui rêve de moi », impeccable, les choses se gâtent vers 1978. Miné par des problèmes fiscaux Polnareff se voit contraint à l’exil américain (Los Angeles), la superbe mélancolie de la « Lettre a France » fait ainsi figure de chant du cygne. Inspiration en berne, la suite s’avère catastrophique. Clip grotesque « Tam tam » (1981) est kitsh au possible. Le pire est encore à venir : « Dans la rue » (1985), Polnareff en survêtement est accompagné d’un groupe déguisé en footballeurs US… Pathétique. Musicalement, Michel semble être réduit à recycler des vieilles idées, « Goodbye Marylou » sonne comme un décalque de la « Lettre à France » à mille lieues de la créativité des débuts. La télévision de l’époque privilégiant le play back, les extraits live sont rares, l’intérêt du premier DVD est ainsi plus documentaire que véritablement musical.

Plus court, le deuxième DVD compile deux émissions reproduites dans leur intégralité : « A bout portant » (6 janvier 1972) et le « Show Michel Polnareff » (2 janvier 1976). Plus riches en extraits live, l’intérêt strictement musical du deuxième DVD se révèle bien supérieur. La première émission dresse un portrait intimiste de l’artiste, en noir et blanc, au fil d’une longue interview entrecoupée d’extraits de concerts. Le « Show Michel Polnareff » documente la période américaine et permet de voir Michel en action accompagné d’un grand orchestre et d’un groupe de musiciens redoutables, requins de studio, californiens. Le show met également en valeur le répertoire, mal connu, de son album (éponyme) anglophone : « Jesus for tonight » excellente pastille folk typique de l’époque.

Le double DVD est extrêmement riche, plus de 4 heures d’images, le premier disque présente à lui seul la bagatelle de 46 extraits. Dommage cependant de ne pas avoir inclus l’interview de 1996 et le fameux mini concert au piano solo au milieu du désert Californien.

www.polnaweb.com

 

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