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King Crimson : « In the court of the Crimson King » (1969)

August 23, 2020

Il y a tout d’abord cette pochette incroyable (signée Barry Godber), qui révèle toute sa beauté de manière plus évidente encore dans sa version vinyle. Un cri, d’effroi peut-être, et il se pourrait bien que ce dernier soit celui poussé par l’auditeur à la découverte de ce disque majeur. Mais tout d’abord, posons-nous une question aussi simple qu’essentielle : quelle est la musique jouée sur ce disque ? On ne saurait le dire avec acuité tant tout ce qui est joué ici ne ressemble à rien de connu jusqu’alors ou bien, plus précisément, ressemble à trop de choses en même temps. Nous sommes ici en terre inconnue, à la lisière du rock psychédélique et du rock progressif mais, King Crimson c’est aussi, dans une certaine mesure du jazz (cf. le saxophone) voire de la musique expérimentale (cf. les transitions brutes et osées d’un genre à l’autre) et aussi des guitares abrasives préfigurant le hard-rock et le heavy-metal. Tout ceci, et mille autres choses encore, résumées dans les sept minutes et des poussières de l’impossible « 21st century schizoid man », titre d’ouverture qui met tout de suite l’auditeur dans l’ambiance où vocaux étranglés et guitares revêches dressent un tableau dystopique et post-apocalyptique finalement pas si éloigné de ce 21ème siècle. A contrario, preuve de la virtuosité des musiciens, « I talk to the wind » et « Moonchild » sont autant de pièces d’orfèvre d’une délicatesse infinie alors qu’un souffle épique digne d’une symphonie classique traverse « Epitaph ». Le groupe passe d’une extrême à l’autre en trois titres ! Hélas ce premier album sera également le dernier pour le groupe dans cette configuration. Car, par la suite, le nom King Crimson perdurera mais avec le seul Robert Fripp (grand guitariste virtuose) pour unique survivant de la formation initiale. Adieu Ian McDonald (saxophone, claviers), Greg Lake (basse) et Michael Giles (batterie) qui avaient tant fait pour la réussite flamboyante de ce premier album, audacieux et osé, et c’était probablement trop pour un groupe débutant. Mais, en attendant, quel disque !

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